L’apprentissage du langage chez les enfants est une étape clé du développement. Vers 2 ou 3 ans, ils commencent à s’exprimer de plus en plus clairement… mais il arrive que certains sons restent difficiles à prononcer. Ces petites erreurs, souvent passagères, peuvent parfois révéler des troubles de l’articulation. En crèche, à la maison ou chez l’orthophoniste, il est important de savoir quand s’inquiéter et comment accompagner l’enfant avec bienveillance.
Qu’est-ce qu’un trouble de l’articulation ?
Les troubles de l’articulation, aussi appelés troubles phonétiques, désignent des difficultés à produire correctement certains sons. L’enfant peut, par exemple :
dire « tateau » au lieu de « château »,
remplacer un son par un autre (ex. : « z » au lieu de « j »),
omettre une consonne (ex. : « ane » pour « crane »),
parler de façon peu compréhensible même pour des proches.
Ces difficultés peuvent être isolées ou faire partie d’un trouble plus global du langage.
Est-ce normal ? À quel âge s’en préoccuper ?
Il est tout à fait normal qu’un jeune enfant fasse des erreurs de prononciation. Le développement du langage suit des étapes, et certains sons complexes (comme le « r », le « ch », le « j ») ne sont généralement bien maîtrisés qu’autour de 5-6 ans.
Cependant, on peut commencer à s’interroger si :
à 3 ans, l’enfant est difficile à comprendre même par son entourage,
à 4 ans, de nombreuses confusions de sons persistent,
l’enfant évite de parler ou semble frustré par son expression orale,
il y a un antécédent de troubles du langage ou de l’audition dans la famille.
Quels peuvent être les causes de ces troubles ?
Plusieurs facteurs peuvent influencer l’apparition de troubles de l’articulation :
un retard de développement global du langage,
une mauvaise audition (otites fréquentes, surdité légère),
un trouble oro-moteur (mobilité réduite de la langue ou des lèvres),
des habitudes comme la tétine prolongée ou le pouce,
un manque de stimulation verbale ou d’exposition au langage.
Quel rôle joue la crèche dans l’accompagnement du langage ?
La crèche est un lieu-clé pour stimuler le langage de manière naturelle et quotidienne. Les professionnels :
parlent régulièrement avec les enfants, en les regardant et en articulant bien
chantent, racontent des histoires, jouent avec les sons
favorisent les interactions entre enfants
repèrent les éventuels retards ou difficultés et en informent les familles
Un travail d’équipe entre crèche, parents et professionnels de santé permet une prise en charge précoce si nécessaire.
Comment aider un enfant qui a des difficultés d’articulation ?
1. Ecouter sans corriger systématiquement : L’enfant a besoin de se sentir écouté et encouragé, pas corrigé à chaque phrase. Répétez simplement la phrase en version correcte sans insister :
« Tu veux ton tâteau ? Ah, tu veux ton château ! »
2. Jouer avec les sons : Les jeux de rimes, les comptines, les livres sonores sont d’excellents outils pour entraîner l’oreille et la prononciation.
3. Favoriser le dialogue : Prenez le temps d’échanger, posez des questions ouvertes, laissez-lui le temps de répondre. Plus il parle, plus il progresse.
4. Consulter un orthophoniste si besoin : Si les difficultés persistent ou s’accentuent après 4 ans, un bilan orthophonique permet de poser un diagnostic précis et de mettre en place un accompagnement adapté.
Faut-il consulter un orthophoniste ?
Si l’enfant montre un retard de langage global, ou si la colère ou la frustration apparaissent fréquemment lorsqu’il n’est pas compris, une consultation chez un orthophoniste peut être très bénéfique. Celui-ci évaluera si le trouble d’articulation relève d’une évolution normale ou nécessite un suivi.
Il est important de souligner que plus un trouble est pris en charge tôt, plus les progrès sont rapides et durables. Il ne faut donc pas hésiter à consulter, même par simple prévention.