Comment accompagner l'enfant qui ne veut pas partager ?
« Dis merci, prête ton jouet ! », « Il faut partager ! ». Ces phrases, souvent entendues chez les parents ou les professionnels de la petite enfance, traduisent une attente fréquente : voir les enfants apprendre à partager. Pourtant, le partage n’est pas une compétence innée, surtout chez les plus jeunes. Et à la crèche, les situations de conflit autour des jouets sont quotidiennes. Alors, comment accompagner un enfant qui refuse de partager, sans le brusquer ni culpabiliser ?
Pourquoi l'enfant ne veut-il pas partager ?
Jusqu’à 3 ou 4 ans, l’enfant est dans une phase de développement dite « égocentrique« . Cela ne veut pas dire qu’il est égoïste, mais qu’il perçoit encore difficilement les besoins et désirs des autres. Le jouet qu’il tient entre ses mains est pour lui une extension de lui-même, un objet d’exploration et de sécurité.
À la crèche, ce comportement est normal et répandu. Les conflits autour du partage sont donc une étape naturelle de la socialisation.
Ce qu’il faut éviter :
Forcer le partage : Obliger un enfant à céder un jouet qu’il n’a pas fini d’explorer peut le frustrer et ralentir son apprentissage de la coopération.
Comparer avec d’autres enfants : Chaque enfant évolue à son rythme. Comparer peut créer un sentiment d’injustice ou de honte.
Punir un refus de partager : Cela envoie le message que défendre ses besoins est mal.
Comment encourager le partage avec bienveillance ?
1. Modéliser le comportement : Les enfants apprennent par imitation. Partager un objet ou une activité avec lui (« Tiens, je te prête mon stylo, et après tu me le rends ») l’aide à comprendre ce qu’est un échange réciproque.
2. Mettre des mots sur les émotions : « Tu n’as pas envie de prêter ta peluche, tu y tiens beaucoup. » Valider l’émotion de l’enfant sans juger son comportement permet de créer un climat de confiance.
3. Introduire la notion de tour de rôle : Le partage ne veut pas dire abandonner. Proposer un « tour de rôle » (« Tu joues cinq minutes, puis ce sera au tour de Léa ») est souvent plus facile à accepter pour l’enfant.
4. Utiliser des objets collectifs : À la crèche, les jeux collectifs (balles, puzzles, instruments de musique) favorisent l’idée de groupe et la coopération, en douceur.
5. Féliciter les efforts de partage : Même un petit geste (« Tu as donné une partie de ton gâteau à ton copain ? Bravo ! ») mérite d’être souligné. Cela valorise le comportement sans en faire une obligation.
Le rôle de la crèche
La crèche est un lieu privilégié pour apprendre à vivre avec les autres. Les professionnels y observent et accompagnent les situations de conflit liées au partage avec bienveillance et sans forcer l’enfant. Ils servent de médiateurs, proposent des solutions adaptées à l’âge et permettent à chaque enfant de découvrir progressivement la joie de jouer ensemble.
En accompagnant l’enfant avec patience et bienveillance, vous l’aidez à grandir dans une atmosphère de respect et de coopération.