A l’heure où la santé mentale est grande cause nationale 2025, qu’en est-il chez les enfants ? Nous nous sommes penchés sur une étude publiée en décembre 2024. L’étude Enabee s’est intéressée à la santé mentale des enfants et à leur bien-être.
Une première étude nationale sur la santé mentale des enfants
Menée par Santé publique France, cette étude Enabee dresse un premier état des lieux de la santé mentale des enfants de 3 à 6 ans scolarisés en maternelle. Les résultats montrent que 8,3% d’entre eux présentent au moins une difficulté émotionnelle, oppositionnelle ou d’inattention/hyperactivité avec un impact sur leur quotidien.
Des troubles variés selon les symptômes
L’étude détaille les différents types de difficultés rencontrées. Elles sont les suivants :
- 5,9% des enfants présentent des difficultés oppositionnelles probables
- 1,9% ont des problèmes d’inattention ou d’hyperactivité
- 1,8% souffrent de difficultés émotionnelles.
Ces chiffres sont cohérents avec les données internationales disponibles, bien que les comparaisons restent difficiles en raison des différences méthodologiques entre les études.
Une participation encore limitée
Cette première édition de l’étude a rencontré des difficultés de participation. Seulement 56,2% des écoles maternelles, soit 246 sur les 438 tirées au sort, ont accepté de participer, contre 85,8% pour les écoles élémentaires. Le taux de réponse des enseignants était de 63,3% (soit 5721 retours sur les 9038 enfants éligibles à l’étude) et celui des parents de 41,9% (soit un retour de 3785 questionnaires).
La période de collecte (mai-juin 2022) et le manque de temps en fin d’année scolaire post-Covid expliquent en partie ces taux plus faibles.
Des recours aux soins insuffisants
L’étude révèle que 12,9% des enfants de maternelle ont consulté un professionnel de santé dans l’année précédente pour des difficultés psychologiques ou d’apprentissage.
Parmi les enfants présentant des difficultés probables, seulement 33,7% ont consulté un professionnel de santé mentale. Cela signifie qu’une majorité d’enfants ayant besoin d’aide n’y a pas eu accès.
Parents et enseignants : des regards complémentaires
L’étude confirme la faible concordance entre les perceptions des parents et des enseignants concernant les difficultés des enfants. Cette différence n’est pas un biais de mesure mais reflète des observations complémentaires.
Les enfants peuvent se comporter différemment selon le contexte familial ou scolaire. Les difficultés émotionnelles sont particulièrement difficiles à identifier pour les enseignants, qui ne vivent pas avec l’enfant.
Un bien-être globalement satisfaisant
Malgré ces difficultés, l’étude mesure un niveau de bien-être globalement satisfaisant chez les enfants de maternelle. Les scores varient entre 78,1 sur 100 (dimension familiale) et 88,5 sur 100 (dimension émotionnelle).
Ces résultats sont même légèrement supérieurs à ceux des enfants d’école élémentaire, suggérant un meilleur niveau de bien-être chez les plus petits.
Une référence pour les politiques publiques
Cette étude constitue une première photographie de la santé mentale des jeunes enfants en France. Elle servira de référence pour suivre l’évolution dans le temps et orienter les politiques de prévention.
Plusieurs dispositifs sont déjà en place : le programme « Mon soutien psy » accessible dès 3 ans, les plateformes de coordination pour les troubles précoces, ou encore la stratégie de développement des compétences psychosociales à l’école.
Limites et perspectives
Les chercheurs appellent à la prudence dans l’interprétation des résultats. L’étude identifie des difficultés probables, pas des diagnostics cliniques. Elle ne permet pas non plus de stigmatiser tel ou tel enfant.
L’objectif est d’avoir une représentation épidémiologique des besoins pour développer des politiques de prévention adaptées. Cette étude sera renouvelée régulièrement pour suivre l’évolution de la santé mentale des jeunes enfants.